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COUP D'BARRE SUR LA RACE ACROSS BELGIUM

Ma première course d'ultra-cyclisme

· Défis sportifs

Récit d'Evan sur la Race across Belgium :

Étant partenaire de la Race across Belgium, l'idée de ne pas simplement faire un stand et d'y participer est assez vite arrivée dans ma tête. J'ai donc contacté Michel Mussot (l'organisteur) et il y avait encore des places car l'event avait été repoussé en Août à cause du covid. Très bien ! Stratégiquement, le mois d'août est généralement le mois où je suis le plus en forme à vélo. 

Cette année, je prévoyais un voyage de 1450km en bikepacking. Il aura lieu début août et après mon calcul j'aurai 4 jours de repos puis je devrai enchaîner sur la RAB (Race across belgium). Je me dis que faire 100km par jour avec des bagages peut faire office de préparation pour cette course de 300km. 

Choisir c'est renoncer

À vouloir tout faire, on fait souvent moins bien ce qu'on doit accomplir. Le voyage à vélo en Allemagne s'est très bien passé. Mais objectivement, 4 jours c'était peut-être un peu léger pour récupérer de 1450km de vélo sur 15 jours. Il est évident qu'entre les 2 je n'ai pas touché mon vélo ne serait que pour 1km. 

Vient le moment de la préparation qui sera assez rapide pour moi. En ouvrant le gpx komoot je me rends compte que le tracé fait en fait 350km et pas 300km, ce qui n'est un détail (si tu veux télécharger le tracé GPX, c'est à la fin de l'article). Tout ça avec un dénivelé de plus de 5000m, ouf. Bon pas le choix, c'est comme ça, on ira jusqu'au bout. La motivation n'est pas incroyable la veille vu la météo qu'on annonce.

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Le jour J

J'ai un problème avec le réveil de mon gsm, je me réveil une heure en retard et dois donc me dépêcher pour arriver avec à l'heure. J'arrive pile au bon moment mais oublie mon gsm dans la voiture. Je pars donc sur la ligne à l'heure mais stressé et sans même avoir pu démarrer mon gps que j'allumerai au premier feu rouge. Il pleut déjà après 100m. Mais j'ai tout de même le sourire comme on peut le voir sur la photo.

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Après 2 km, c'est le début des ennuis. Il faut savoir que mon gps est un gps sans carte bryton qui était tombé et qui affichait donc assez mal le tracé gpx. Je me trompe de route dés le départ et comprend que je devrai être rigoureux pour ne pas faire trop d'erreurs. Je suis un participant de loin qui, lui, a un meilleur gps. Après 5km, sur un dos d'âne en pavé, mon bidon avant se déloge du porte bidon et tombe sur le goulot. Game over pour lui, il me reste un seul de mes 2 grand bidons. Je suis assez énervé car impossible de tenir sur un seul bidon, je devrais recharger de l'eau beaucoup trop souvent. 

Je continue dans l'idée de trouver un magasin où en acheter un. Après 35 km je me rends compte que j'ai encore fait une erreur et que je suis parti à contresens sur le parcours. Un participant arrive derrière moi et me dit que c'est le bon sens. Vu toutes mes erreurs de cette journée, je lui fait (trop) confiance. 9 km plus loin, il s'arrête et se rend compte que c'est moi qui avait raison (cette fois) et qu'on a fait 16km dans le mauvais sens. Si on veut que notre circuit compte il faut revenir au point exact ou on a perdu le bon tracé. Si je veux être honnête, je dois avouer que j'ai réfléchi à faire le tracé dans le sens inverse le temps de quelques minutes.

On se retrouve donc les 2 derniers de notre distance avec 32 km de retard sur tous les autres. Le moral n'est pas incroyable car je sais que je vais devoir faire non pas 350km aujourd'hui mais bien 382km. Psychologiquement, c'est dur, je réfléchis à ce moment là vraiment à l'abandon : je n'ai plus qu'un seul bidon, j'ai fait une erreur de 32km après seulement 13km du parcours et il pleut depuis le départ. Je continue en me disant que si j'ai envie d'abandonner après, j'en aurai toujours la possibilité. C'est pour moi assez important de rester déterminé lors d'une épreuve comme celle-ci, mais de savoir que j'ai la légerté d'esprit de me dire que si j'abandonne, ce ne sera pas la fin du monde.

J'arrive à Bastogne et me dit que c'est le bon endroit pour racheter un bidon. Je pense à passer chez Jimmy cycles qui est un de nos partenaires. Il m'offre gentiment le bidon. Cela te semble probablement être un détail en lisant ces quelques lignes mais c'est précisemment grâce à ça que je retrouve le moral et que je n'abandonnerai pas l'épreuve. Alors merci Jimmy Cycles !

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Je repars avec le moral et une portion sur un ravel me redonne des jambes. Certaines eclaircies se font deviner, mais pas bien longues. Je fais un premier stop pour manger après 130km. Je suis reparti et le dénivelé ardennais commence à arriver. Je me rends compte que je ne pensais pas que ça allait être aussi difficile. On enchaîne les côtes dûres et ça fait mal aux jambes. Les kilomètres avancent lentement. Mes parents s'inquiètent car ils voient ma vitesse moyenne qui est anormalement lente comme ils ne savent pas que j'ai fait une erreur. Je roule plus vite que la personne qui s'est trompée avec moi au début du parcours et ça me motive à revenir dans la course.

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C'est l'heure de l'apéro 

En passant près de Francorchamps, il pleut fort et je m'arrête donc une nouvelle fois pour attendre que ça se calme. J'en profite pour manger des apéros car j'avais une envie de salée, qu'est-ce que ça fait du bien. Je redémarre et il ne pleut plus. On redescend vers le Coffee ride et là, je fais un stop pour m'acheter un soda afin de me réhydrater un peu. 

Les côtes qui vont arriver sont dûres, je commence à avoir mal au genoux gauche et ma mère me dit que je devrais peut-être abandonner car je n'arriverai pas avant la nuit et qu'il pleut fort chez eux. Je lui explique que je vais bien et que j'irai au bout, même si je n'y crois pas moi-même ...

J'ai difficile car les côtes sont très raides. Je veux arriver à Laroche-en-Ardennes avant la nuit. Un peu avant Laroche je vois enfin le soleil pendant 20 minutes. Je n'y croyais plus, ça redonne un peu de motivation et ça me rend euphorique alors qu'objectivement il me pleuvait dessus depuis le matin.

Je dépasse un participant de la course et cela me redonne énormément de motivation. Me dire qu'avec 32km de plus auc ompteur, je dépasse quelqu'un me redonne des jambes. Je m'arrête ensuite à Laroche au début du crépuscule. L'autre participant repasse devant moi au moment où je vais repartir. On démarre ensemble l'une des montées les plus dures du jour : le col de Haussire.

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Il y fait complètement noir et au phare on a l'impression d'être dans un cauchemar. On redescend sur l'ourthe et une côté encore plus dure arrive. Je fais presque tout en danseuse car je ne serais pas passé assis. Le cycliste qui me suit m'avouera plus tard qu'il l'a montée à côté du vélo. Je me rends compte qu'il reste encore 110km et que je vais devoir les faire de nuit. Je pense qu'à ce moment là on se met tacitement d'accord avec l'autre cycliste pour rouler pas trop loin l'un de l'autre pour se motiver. 

Il roule un peu moins vite que moi mais je préfère rouler en dessous de mon rythme à 2 que seul. On aura l'occasion de parler de longues heures durant la nuit ce qui fera passer plus vite la fin. Normalement, dans une épreuve ultra il est interdit de rouler à 2. On en a conscience et on roule donc côte à côte quand on veut discuter ou à 20m d'écart quand on ne parle plus. On ne prend aucun relais pour boucler cela dans les règles du jeu. Même si normalement, il faut garder une distance entre les 2 cyclistes tout le temps. Comme on est parti pour boucler le classement on se dit que ça aura peu d'importance. 

Mon gps n'a plus de batteries et impossible de le charger sur le vélo. Je décide donc de suivre mon collègue plutôt que d'essayer de trouver une solution avec mon gps et me refroidir inutilement en m'arrêtant

J'ai froid aux pieds. Mais la motivation reste là. On arrivera finalement vers 7h du matin au levé du soleil. Avec toutes mes erreurs, je calcul un peu avant l'arrivée que je vais avoir 394km. Dans l'euphorie des 15 derniers km je dis à mon ami que je vais faire quelques petits ajouts pour arriver aux 400km. Pour bien terminer cette journée je me reperds à nouveau dans Arlon ce qui me fera sprinter comme si je jouais la gagne alors que je me bas simplement pour arriver avant les 24h de course. 

Le petit plaisir à la fin sera de voir mon ami de chez nutri-bay, JC, qui s'est réveillé très tôt pour me voir arriver. Merci à toi JC !

 

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Quelle journée dantesque. En lisant cela je suppose que tu as du mal à voir le positif sur cette journée. Pourtant, j'en garde un bon souvenir et ce qui est sûr c'est que ça fait une belle histoire à raconter. 

C'était ma première course ultra et j'ai fait énormément d'erreurs : 

  • Je n'ai pas assez étudié le tracé avant le départ, regardé où étaient les montées difficiles, les parties plus plates, etc
  • Je suis parti avec un gps ayant un affichage insuffisamment précis pour une course ultra où le gps est ultra important et où on est en autonomie.
  • J'ai roulé tout le voyage avant la course avec des chaussures avec des cales VTT et suis repassé le jour de la course sur mes chaussures à cale route et je pense que ça m'a, au moins  en partie, valu des problèmes au genoux
  • Je n'ai pas eu assez de temps de récupération entre mon voyage et la course
  • Je suis parti sans réfléchir au fait que j'allais arriver potentiellement de nuit et qu'une double paire de lampes m'aurait permis de rouler pendant que j'en rechargeais une.
  • Je suis parti avec un porte-bidon qui ne serre pas assez les bidons et qui m'a déjà fait le coup lors d'entraînement et j'ai reporté le fait de le remplacer.

J'oublie probablement des choses, mais ce qui est sûr c'est que j'ai une belle marge de progression (pas difficile me diras-tu). Outre le fait d'avoir fait des erreurs, j'ai bouclé mon tout premier 400km (même si ce n'était pas l'objectif de base) et je n'ai pas abandonné malgré toutes les embûches qui se sont mises en travers de mon chemin. J'arrive dernier au classement car mon accolite était parti quelques minutes après moi au départ. C'est marrant quand même, je ne pensais pas un jour être aussi heureux de finir dernier d'une course. Je m'en moque complètement car ce que je viens de faire c'était un combat contre moi-même et personne d'autre.

Je suis assez satisfait d'un point de vue nutrition car en alternant les ravitos, l'apéro et quelques tartines au pesto, je n'ai jamais été écœuré un seul moment durant la course. Au contraire, je me suis même régalé !

Il y a 2 ans je pensais que je ne saurais jamais faire plus que 200km à vélo. J'avais l'impression que c'était innaccessible. L'an dernier, j'ai fais mes 2 premiers 300km et cette année je boucle mon premier 400km. J'ai compris qu'il n'y avait alors pas vraiment de limite. Sans pour autant vouloir absolument ajouter 100km de plus chaque année je crois que dans les années à venir je me laisserai tenter par des courses d'ultra plus longues en étant mieux préparé pour en profiter un max. 

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Ce qui est sûr, c'est quand le lendemain, quand tu regardes ton strava et que tu vois ça, ça fait plaisir !

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